Bon ou très bon foin? Ce qu'en pensent les chevaux...

Je vais revenir sur l'épisode assez dramatique de la dernière récolte de foin. Depuis que je suis arrivé en Auvergne, je faisais la récolte des foins au meilleur moment pour le faire, c'est à dire au stade de l'épiaison, généralement vers la fin juin ou le début juillet. C'est à ce moment que l'herbe est la meilleure pour faire du foin; la tige en principe ne grandira plus et elle est encore assez verte, les graminés sont formés dans les épis et tout ce que va absorber la plante va désormais bénéficier aux grains. Le problème en 2011 c'est que l'épiaison dans le nord de L'Allier a eu lieu à la mi mai, c'est à dire avec 1 mois et demi d'avance. La sécheresse a donné très peu de tige et la quantité d'herbe a également été insignifiante par rapport aux autres années. Je me suis retrouvé devant un cruel dilemme: Ou bien l'herbe étant arrivée à maturité, je faisais le foin, en récoltant moins que la moitié en quantité de ce que je faisais les autres années, mais avec la certitude d'avoir un foin de très bonne qualité, ou bien j'attendais l'arrivée des orages pour avoir plus de tige donc plus de volume mais en perdant en qualité. Si les orages arrivaient j'étais gagnant, si ils ne venaient pas, j'allais donc avoir moitié moins de foin que les autres années pour une qualité moindre car les pieds auraient grillé sur place. Je me suis décidé à faire le foin malgré tout pour assurer la qualité. La chance a voulu que mes voisins, ayant opté pour l'attente des orages, me proposent par la suite de faire leur foin vers la mi juillet et de garder ce qu'il me manquait pour passer l'hiver. J'ai donc abordé l'hiver avec ma grange à foin pleine, avec une moitié de foin au top et une autre moitié beaucoup moins quoique très convenable quand même(je défie quiconque de faire la différence!). J'ai donc commencé l'hiver en donnant aux chevaux le foin de mes voisins et je commence à taper dans les bottes récoltées au mois de mai; le résultat est sans appel! Même si à l'oeil nu et même à l'odeur un humain ne fait pas la différence, je peux vous dire que les chevaux eux la font, et tout de suite!!!! Ils ont les moyens pour le faire puisqu'ils sont à 15 kg de foin par jour, mais si je leur donne une botte de foin qui a été récoltée au mois de juillet, ils manifestent leur mécontentement par des mouvements d'humeur que je connais bien; demis tour rapide, souffle rauque sur le tas de foin et même, injure suprême; dépôt de crottin sur la botte fraîchement posée!!!! Si je leur laisse toute une nuit ils finissent par la manger, mais c'est la faim qui se manifeste alors. Si je leur rajoute une botte de foin faite en mai qui provient du fond de la grange (cequi les fait passer à 20 kg/jour/cheval!!!), ils se jettent dessus et là ce sont les petits renaclements qui signifient que tout va bien.
Moralité, si vous avez plusieurs fournisseurs avant d'acheter votre foin, achetez une seule botte chez chacun d'entre eux et laissez votre cheval choisir avant de passer commande. Dans ce domaine il est bien meilleur que vous! C'est votre cheval qui vous dira lequel acheter et si éventuellement il vaut le prix que vous allez le payer!!!

Oui et c'est même surprenant de voir quelques fois, qu'une botte ou un round que tu vas penser "mauvais" ou de "moindre qualité", va disparaître en moins de deux ! J'ai eu fais plusieurs fournisseurs comme tu dis et voilà presque 2,5 ans maintenant que je me fournis au même endroit car ils ont trouvé le foin qui leur convient. D'excellente qualité, même cette année malgré tout, les jachères sont excellentes. J'ai eu un ou deux round avec beaucoup plus de tiges de chardons, mais ils ont TOUT mangé, sans discuter, et racler le fond du râtelier. Par contre, il est évident qu'il faut qu'il soit au sec. Je ne donne absolument plus aucun round qui ait séjourné 2 mois dehors et l'agriculteur le sait. Sa production est essentiellement pour des chevaux et il y est donc très attentif. Certes le prix cette année a augmenté mais à contrario je n'ai pas perdu en qualité. Qui plus est je suis restée particulièrement attentive à ce qu'il n'y ait pas de gaspillage. C'est à dire rien par terre et qu'il ne serve pas de litière. J'ai opté pour garder les rounds dans leur filet et c'est génial. Le peu qui était tombé en dehors du râtelier était remis dedans matin et soir. Quelques fois, j'ai eu un ou deux rounds de regain mais pour autant ils n'ont pas boudé l'autre après donc c'est qu'il leur convient bien. Ils sont au foin depuis septembre et je n'ai passé que 17 rounds jusqu'à aujourd'hui.
Trouvé un fournisseur qui vous fait la qualité qui vous convient est particulièrement difficile. Par contre, quand vous l'avez, ne le lâchez plus !

Je crois que plusieurs facteurs sont importants pour avoir un bon foin;

-D'abord le pré où il doit être fait doit être régulièrement entretenu et contenir le moins possible de ronces. Il doit être exempt de plantes toxiques et surtout ne pas contenir de plantes qui sont mortelles même à l'état de foin, comme le sénéçon du cap par exemple, qu'on trouve abandamment dans le sud de la France.
-Ensuite, c'est la coupe et la récolte qui doit être le plus proche possible de la phase d'épiaison.
-Ensuite, c'est bien sûr les conditions de récoltes; j'entends par la des conditions athmosphériques idéales, avec du temps sec et si possible du soleil pour le fanage et la mise en endains.
-Ensuite, c'est le temps de ramassage des bottes. On ne peut pas ramasser tout de suite les roundballs à cause des risques d'incendie. Par contre, les petites bottes doivent être ramassées tout de suite car elles craignent beaucoup plus l'humidité qu'elles absorbent par dessus, mais également par dessous au contact avec le sol, la nuit. (je ramasse toujours mes petites bottes le jour même de la récolte, et je les stocke immédiatement dans la grange, ce qui me fait souvent finir à la nuit entre 01h00 et 02h00 du matin!)
-Ensuite les conditions de stockage, dans un lieu sec au dessus, mais également en dessous et sur les côtés.
-Ensuite la période de conservation. Il faut savoir que le foin perd 10% de ses vitamines par mois. Ce qui veut dire qu'en gros, le foin de l'année qui précède n'en contient plus au mois de mars de l'année suivante et qu'il faut compenser en donnant par exemple des pommes des poires et des carottes de façon quotidienne. Les vitamines sont importantes car elles ont un rôle primordial dans l'assimilation des sels mineraux dans l'organisme. A defaut on peut quand même donner du foin de 2 ans, pour servir de lest. Il contiendra encore des UF pour nourrir le cheval mais il faudra complémenter davantage, avec des calculs assez empiriques car personnellement je ne connais pas la valeur en UF du foin qui a plusieurs années.

D'ailleurs au sujet des vitamines, tu as un fournisseurs en carottes ou fruits ? ou tu achètes comme tous le monde au supermarché, car enfin, ça fait quand même un bon paquet non ?

Je suis entièrement d'accord avec toi que faire du foin ne s'improvise pas. N'est pas un spécialiste qui veut et il faut avoir les connaissances nécessaires ou l'expérience. C'est pourquoi il faut être vigilant sur nos choix et comme tu dis "faire confiance à nos chevaux pour ce qui est bon".

J'ai effectivement un fournisseur attitré pour les carottes les pommes et les poires, mais qui reste des plus classiques puisqu'il s'agit d'invendus.

Un petit détail important également pour le foin; je donne un coup de main à un éleveur pour faire les siens; On met ainsi en roundballs un important nombre de tonnes de foin. ça demande bien 3 semaines de boulot lorqu'on est pas embêté par la météo. Le meilleur foin est celui qu'on fait au début de ces 3 semaines. Celui qu'on fait à la fin, est un peu moins bon dans une année normale parcequ'il a un peu dépassé la période optimale de récolte. Pour une année mauvaise comme l'année dernière, les 10 derniers hectares qu'on a fait pour lui, le foin c'était vraiment de la paille! Donc mef! un gros fournisseur de foin, ne vend pas toujours du foin de même qualité, (ce qui ne veut pas dire obligatoirement qu'il peut lui arriver de vendre du mauvais foin) car plus il aura de foin à récolter, plus les dernières coupes auront dépassé le stade optimum de maturité pour faire du très bon foin.

gitequestre a écrit:

On ne peut pas ramasser tout de suite les roundballs à cause des risques d'incendie.

Pour ma part je ne les laisse pas dans le pré, sauf si le temps est au beau fixe. Par contre j'essaye de roundballer du foin bien sec et mon stockage se fait dans un abri complétement ouvert d'un côté.

Je surveille ensuite l'echauffement du foin.

Mais plus question de le laisser 15 jours dans le pré avec le risque qu'il pleuve et repleuve dessus...

Ce qui est certain, c'est qu'il faut être prudent avec les roudballs qui viennent d'être faits. Les compagnies d'assurance envoient tous les ans des mise en fgarde à ce sujet, jusqu'au jour où ils refuseront d'indemniser les hangars qui auront brûlé avec des roundballs de 8 jours à l'intérieur...
Autre détail important que j'avais oublié pour faire du bon foin: avoir des terrains sans trop de taupinières, qui rajoutent de la poussière de la terre dans le foin. Il faut également pour éviter cette poussière, essayer de régler le pick up de la presse de façon la plus ajustée possible; pas trop loin du sol pour ne pas laisser de foin sur place, mais aussi pas trop près, car si les pions grattent trop le sol, cela fait également de la poussière de terre dans les bottes.

- - j' aimerai être " cheva l" chez Gîtéquestre ! ! !

Ben.. de toute évidence c'est un sentiment partagé par leurs propriétaires car j'ai reçu pas plus tard que la semaine dernière une lettre datée du 11 février 2012, d'un couple de cavaliers qui sont venus passer une semaine l'été dernier et qui avaient gardé un bon souvenir de leur séjour en qualifiant de "aux petits oignons" le traitement qui avait été reservé à leur deux juments. (une quarter horse pleins papiers avec une belle lignée et une appaloosa) Je sais, ça fait un peu grosse pub, mais c'est pourtant la vérité!!